La défaite des troupes russes près de Kharkov a provoqué des manifestations de femmes dans le Donbass : ce qu'elles ont dit

Article original :
https://assembly.org.ua/poyavilis-novye-podrobnosti-o-razbityh-pod-harkovom-mobilizovannyh-s-donbass...


Date publication : 17/05/2022



Après le retrait des troupes régulières des Forces armées russes du territoire au nord de Kharkov, à la mi mai, une vidéo filmée à la frontière avec la région de Belgorod a fait le tour des chaînes Telegram. Laissés pour occuper ces positions à la place des Russes qui se repliaient vers le nord, les mobilisés du Donbass ont tenté de franchir la frontière, mais les officiers du FSB (police politique de la fédération du Russie, qui a pris le suite du KGB) ne les ont pas  laissé passer, les menaçant de prison voire d'exécution. Au moment de l'enregistrement de la vidéo, le bataillon y avait passé deux jours et deux nuits.

 Il s'est avéré qu'il s'agissait du 206e régiment de la "Milice populaire de la République Populaire de Louhasnk (RPL)", stationné à Tsirkuny et Russkaya Lozova. L'armée ukrainienne les a écrasés près de Liptsy, et a détruit leur équipement. Ils se sont retrouvés coincés au poste de contrôle frontalier de Nekhoteevka. C'est ce que l'on a appris avant-hier lorsque les épouses et les mères des "miliciens" de plusieurs localités se sont rendues au bureau d'enrôlement militaire de Rovenki pour demander une rencontre avec Pasechnik. On leur a répondu que c'était impossible, qu’il leur suffisait de laisser un message par écrit. L'un des manifestants a répondu : "Vous dormirez tranquillement la nuit, alors que nous [sommes soumises au bon vouloir] du bureau d'enregistrement et d'enrôlement des militaires ! »

 N'ayant rien obtenu, le lendemain matin, les femmes ont défilé devant le bureau du procureur militaire à Louhansk pour demander que les mobilisés rentrent dans leurs foyers. En chemin, elles ont rencontré le chef du "ministère des Affaires étrangères de la RPL", Vladislav Deinev, et lui ont tout raconté, en le diffusant sur les médias sociaux :

 "Les Russes ne les laissent pas rentrer chez nous. Ils ont dit : "appelez Pasechnik, parce que vous êtes ici illégalement". Les trains peuvent-ils les ramener chez eux ? ce sont des mineurs de charbon, des travailleurs ordinaires... Ramenez nos maris ! Nous faisons appel à vous pour nous aider !"

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 Elles étaient scandalisées par le fait que si ces hommes ont été appelés à défendre la "RPL", comment est-il possible qu’ils aient pu se retrouver dans la région de Kharkov ? Qu'ils étaient utilisés comme chair à canon, qu'ils étaient emmenés pour servir même sans examen médical, que les Russes les aient abandonnés sans couverture [aérienne], et dans l'unité militaire on leur disait que "le 206e régiment ce sont des déserteurs", alors qu'ils n'étaient pas conscrits et n'étaient pas partis au front volontairement. "Ils ont sauvé leur vie en battant en retraite. La moitié d'entre eux n'ont même pas de documents. Ils n'ont pas simplement lâché leurs armes, quand les tanks arrivaient sur eux. Ils ne sont même pas tous sortis. Il y a eu beaucoup de tués, de blessés, de prisonniers de guerre. C'est vous qui les avez envoyés à l'abattoir, votre gouvernement !"

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Deynego, regardant avec l’air pénétré son téléphone, a prétendu qu'il cherchait un contact important et qu'il était sur le point de tout régler. Mais vous pouvez voir à son visage qu'il n'avait tout simplement rien à dire.

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 Quelques jours plus tôt, des messages vidéo des mères des mobilisés du 115e régiment de la « Milice Populaire de la République Populaire de Donetsk (RPD) », qui avait également été battu à Kharkov et qui avait été ramené dans l'oblast de Donetsk pour se préparer à un nouveau déploiement sur le front, sont apparus sur les médias sociaux :

 "Ils ont été mobilisés de force et envoyés près de Kharkov. Leur unité n'était pas censée être là, selon les documents, ils étaient à Donetsk. On ne sait pas comment ils se sont retrouvés à Kharkov, sans préparation, ce n'est pas clair. Nos gars avaient déjà été radiés, ils n'étaient pas censés être là, personne ne s'attendait à ce que 500 personnes sortent de l'encerclement. Maintenant, ils veulent rapidement passer sous silence cette affaire. Veuillez diffuser cette information."

 Anton Parambul, du collectif « Drapeau Noir » («Черный стяг», ) qui a soutenu avant la guerre la grève des mineurs brutalement réprimée par les KGBiste de la RPL, a analysé la situation pour le site Assembleia :

 "Le fait que la Fédération de Russie traite les personnes vivant sur le territoire de ces "Républiques Populaires" comme des personnes de second rang n'est pas surprenant, étant donné qu'elle traite la majorité de ceux qui sont envoyés de Russie de la même manière. Cela ne fait que confirmer une fois de plus leur attitude.

Si en Russie, ils essaient toujours de dissimuler cela d'une manière ou d'une autre en envoyant en Ukraine pour se faire massacrer des habitants originaires de régions pauvres, comme le Daghestan ou la Bouriatie,–  on y voit rarement des Pétersbourgeois ou des Moscovites -, alors pourquoi voulez-vous qu'ils traitent normalement les républiques de facto illégales ? Là, ils peuvent généralement y faire tout ce qu'ils veulent (et, soit dit en passant, ils le font).

 Le fait qu'on leur donne des casques et des armes de l'époque de la Seconde Guerre mondiale montre une fois de plus leur attitude, car je doute qu'ils n'aient pas assez de kalachnikovs à distribuer à ces personnes. Eh bien, les casques oui, peut-être que la deuxième armée du monde n'a pas assez de casques en Kevlar pour en trouver quelques milliers de plus... Donc je ne pense pas que ces tantes arriveront à quelque chose. Et je conseillerais aux soldats qui seraient pris dans le territoire occupé, surtout s'ils tiennent de grandes sections du front, de négocier par radio avec les troupes ukrainiennes, de se rendre et de demander à ne pas être échangés contre qui que ce soit, mais à être laissés sur le territoire de l'Ukraine. Parce que, très probablement, dès qu'ils seront échangés, ils seront à nouveau jetés avec des fusils sous les chars ukrainiens. Je pense que c'est tout à fait réaliste. »

 L'Initiative de solidarité Olga Taratuta, du nom de l'héroïne épique d'une période de notre Histoire, fournit également une aide d'urgence aux déserteurs et aux évadés de la mobilisation. Au cas où ces personnes ou leurs familles nous liraient, nous partageons un lien vers le blog des gars.

http://nowar.solidarite.online/blog

Liberté aux conscrits, les armes au peuple !

 

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