La future reconstruction des logements en Ukraine attise déjà les appétits des promoteurs ...

Traduction / adaptation d'un article d'Assembleia, journal numérique d'information de Kharkov

Alors que la guerre continue comme jamais, les sommes colossales de l'aide internationale pour la reconstruction commencent déjà à aiguiser les appétits des grandes fortunes de l'immobilier, qui voient l'opportunité de faire des affaires juteuses. La corruption endémique en Ukraine fait aussi craindre à la population qu'une grande partie de cette aide internationale soit engloutie à tous les échelons de la bureaucratie et qu'au final seule une toute partie de l'aide arrive réellement sur le terrain, là où les gens en ont besoin.

Cependant, comme toute crise, cette situation crée aussi des opportunités qui permettent de révéler la solidarité et le meilleurs des gens, comme on la observé aussi lors de catastrophes de grandes ampleur comme l'explosion AZF à Toulouse ou après l'ouragan Caterina en Louisiane où des réseaux d'entre-aide s'étaient mis en place au début de la post-crise, avant d'être repris en main par les autorités.

Les traductrices et traducteurs

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Paiement d'une indemnité pour la restauration des logements : ce que les autorités promettent, ce qui peut être fait et ce qui se fait déjà à Kharkov

Original : https://assembly.org.ua/vyplata-kompensatsii-na-vosstanovlenie-zhilya-chto-obeshhayut-vlasti-chto-mo...


 Comme [la plupart des ukrainiens le savent] dans l’application « Diya », une nouvelle fonction a été développée pour a demander une indemnisation pour la perte [du fait de la guerre] d'une maison, d'un appartement ou d'autres locaux résidentiels pour lesquels un droit de propriété spécifique est enregistré. Actuellement l’application est disponible en ligne et dans une semaine, elle sera également disponible dans les centres de prestation de services administratifs.

Dans le service « Propriété endommagée », les propriétaires peuvent remplir un formulaire, en fournissant des informations sur le bien, des photos et des vidéos des dommages, votre contact. Après avoir rempli le formulaire et enregistré le message, vous devez attendre des informations sur le début de la procédure d'évaluation et d'indemnisation, procédure qui devrait être déterminée par le gouvernement dans un proche avenir.

Étant donné que notre ville Kharkov fait partie de celles pour lesquelles ce programme est particulièrement pertinent, le montant qui sera alloué devrait, en théorie, être important. Zelensky a attiré l'attention sur ce point dans son discours de l'après-midi du 10 mars :

« Après la guerre, après notre victoire, nous reconstruirons tout ce que l'ennemi a détruit. Très vite. De très haute qualité. Un programme d'État spécial sera créé pour chaque ville touchée. Nous utiliserons les dommages de guerre. J'ai déjà demandé au gouvernement de commencer le développement de programmes. Tchernihiv et Soumy, Akhtyrka et Jytomyr, Izyum et Marioupol, toutes les villes où le mal est venu ne verront plus aucune trace de l'invasion russe. Les meilleurs architectes, les meilleures entreprises, les meilleurs projets, pour chaque ville ! Je veux prendre l'exemple de Kharkov. Notre Kharkov, qui connaît actuellement les souffrances les plus terribles. Les plus effrayantes depuis la Seconde Guerre mondiale. »

Mais il n’y a pas que les représentants du pouvoir d'État qui s’expriment sur les montagnes d’or qui serviront à surmonter la dévastation. Prenons l’exemple de l’homme d’affaire Alexandre Yaroslavsky, président de l’entreprise de BTP Development Construction Holding [1]   : « Aujourd'hui, les yeux du monde entier sont tournés vers Kharkov, où les citoyens font chaque jour preuve de miracles de courage et d'amour désintéressé pour leur ville. J'ai parlé avec beaucoup de mes amis hommes d'affaires de différents pays. Ils sont étonnés de l'héroïsme et ne sont pas seulement sympathiques, mais prêts à fournir une aide financière. Sur la base des réponses de mes amis, je vois que nous pouvons même lever 1 milliard de dollars pour les habitants de Kharkov afin que la ville puisse survivre maintenant et que les gens souffrent moins aujourd’hui, puis pour reconstruire tout ce qui a été détruit selon les normes mondiales les plus élevées », a-t-il promis aux premiers jours du printemps. Selon les données d'aujourd'hui du bureau du maire, environ 15% du parc de logements de la ville est déjà inhabitable. Alors, essayons de comprendre à quel point l'avenir est merveilleux.

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Tout d'abord, selon une enquête nationale de l'agence de notation, la majorité des Ukrainiens sont assez optimistes quant à la sortie du pays des ruines. 13% pensent que cela prendra jusqu'à un an, 51% - jusqu'à 5 ans. De plus, les gens acceptent non seulement d'attendre, mais aussi d'y participer personnellement - 61% sont prêts à rejoindre la construction ou à la soutenir financièrement, 33% aimeraient pouvoir le faire, mais n'en ont pas la possibilité, et seulement 5% estiment que la reconstruction relève exclusivement des autorités. Une ambiance optimiste règne également dans l'environnement urbain ukrainien. « Ne vous inquiétez pas trop des infrastructures détruites et des maisons détruites. Nous prendrons l'argent des réparations russes. Il n'y aura aucun problème avec cela. Déjà, de nombreux milliards russes sont bloqués sur des comptes bancaires internationaux. Faisons encore mieux. Autre petit point positif : après la guerre, presque toutes les maisons bénéficieront d’infrastructures publiques très développées. Certains blaguent que 90% des habitations seront des coopératives d’habitation (OSBB) ! . Attendez! L'essentiel, ce sont les gens ! Nous réglerons le reste." La grande mise à jour est-elle imminente ?

 Ici, nous pouvons rappeler que la région de Kharkov, un an avant la guerre, était en tête de liste des régions en termes de superficie de logements délabrés, c'est-à-dire que de nombreux bâtiments avaient besoin de réparations majeures, mais que faute d’injections financières suffisantes, ils s'effondraient lentement, année après année, même dans des quartiers résidentiels comme Zaikovka ou Moskalevka. Dire que le patrimoine architectural du centre de Kharkov a été détruit par des rashistes[2] est également quelque peu exagéré – Même sur la Place de la Constitution, qui a tant souffert, leurs attaques de missiles et de bombes ont principalement endommagé les fenêtres et les toits, mais pas les murs. . Quant aux « Khrouchtchievki » - les HLM construits à l'époque soviétique - il y a longtemps que les cités-dortoirs avaient atteint la fin de leur vie utile.

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Mais il y a aussi des choses encourageantes au sujet de la future reconstruction, même si elles ne sont pas immédiatement évidentes :  « Maintenant, beaucoup de réfugiés ont quitté l'Ukraine pour l'Europe. Beaucoup d'entre eux ont vécu au moins quelques jours chez des Européens. Beaucoup de ces Ukrainiens ne seraient jamais arrivés en Europe parce que c'est cher et difficile pour eux. Ils rentreront chez eux et ce qu'ils ont vu en Europe sera certainement une excellente expérience pour la exprimer de nouvelles demandes en matière d'urbanisme », explique Pavel Khramov, administrateur du groupe Alternative Kharkov.

Même dans le quartier Nebesnoi Sotni  (ancienne place Rudnev), après le raid aérien du soir du 6 mars, la vie revient déjà, malgré tant de trous de bombes.
Trois semaines plus tard, plusieurs dizaines de bénévoles et de services publics sont allés nettoyer les décombres.

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Au total, au moins quatre cratères de bombes ont été dénombrés dans ce quartier antique.

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Cependant, l'une des questions les plus importantes après le cessez-le-feu sera la distribution des fonds alloués. De nombreux promoteurs immobiliers sont déjà en attente, dans les starting blocs. La verticale décisionnelle s'articulera de façon descendante depuis la Présidence vers les Cabinets des Ministres -  le Ministère du Développement Régional - les gouverneurs - les collectivités territoriales (maires, administrations départementales, chefs des communautés d’unité territoriale (OTG)). On peut imaginer quelles opportunités de corruption seront créées par le passage de l'argent à travers tant d'étapes de la pyramide bureaucratique.

Le rôle de la population pourrait être distinct de ce mécanisme : "Conventionnellement, si une personne veut reconstruire rapidement son propre logement, une maison privée, l'État devra fournir à cette personne des matériaux de construction. Il y aura des commissions spéciales, les procédures utiliseront la numérisation du pays autant que possible. Ce sera une avancée inimaginable pour l'Ukraine. Et, oui, les gens pourront reconstruire leur maison eux-mêmes s'ils choisissent de ne pas attendre les programmes gouvernementaux. Le pays les aidera en leur fournissant des matériaux de construction ou en les finançant. Cette question est déjà en cours d'élaboration au sein du Cabinet des ministres", écrivent les publications pro-gouvernementales.

Déjà maintenant à Kharkov, il y a un forum internet "Bud Dopomoga" (le bourgeon de l’aide) pour lancer des demandes urgentes d'aide à la restauration de logements. Sur le site, des volontaires avec des compétences professionnelles peuvent faire des propositions d’offres de service, ainsi que la possibilité de se rendre sur les lieux de bombardement. La priorité est donnée aux personnes âgées, aux handicapées et aux familles à faible revenu. Il est vrai qu'il existe une opinion selon laquelle ces appels peuvent être utilisés par les cambrioleurs et leurs guetteurs, mais ce risque existe dans tout travail de réparation :

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Il ne faut pas exclure d'éventuelles tentatives d'expulsion directe ou supposée volontaire des victimes des hostilités. Les catastrophes à grande échelle dans différents pays sont souvent utilisées pour nettoyer les résidents à faible revenu des zones qui intéressent le grand capital. Un exemple est la capitale du Mexique, où un tremblement de terre dévastateur à l'automne 2017 a servi pour accélérer ce processus d'expulsion et de distribution de nouveaux terrains par la mafia du développement, laquelle est étroitement associée aux politiciens et aux fonctionnaires de tous bords.

Et en même temps, les décombres de la vie quotidienne effondrée du mois dernier sont l'occasion de construire une large solidarité des travailleurs, depuis le plus haut tas de gravats jusqu'aux toutes dernières mains de la chaîne de ceux qui les démantèlent. La possibilité de travailler ensemble avec ceux qui ont le même intérêt, sans médiation ni patron, sur la base du "qui d'autre que nous", est une alternative vivante à la mentalité habituelle du "chacun pour soi". Ce sentiment puissant et brut, qui dans une gigantesque métropole apathique semble perdu à jamais, se révèle parfois ces jours-là.

Et il y a beaucoup de travail à faire...

Rappelez-vous qu'avant la guerre, notre site d’information « Assembleia » avait publié un article comme celui-ci sur la question de savoir s'il était judicieux de demander aux autorités de réparer l'entrée d'une maison figurant au bilan de la ville.

En outre, il y avait une histoire claire et accessible sur la façon dont les travaux de construction deviennent un trou noir pour l'absorption du budget par l’exemple célèbre reconstruction du zoo de Kharkov.


Assembleia, 30 mars 2022

https://assembly.org.ua/vyplata-kompensatsii-na-vosstanovlenie-zhilya-chto-obeshhayut-vlasti-chto-mo...



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[1] Oleksandr Yaroslavsky (en ukrainien : Олександр Ярославський ; né le 5 décembre 1959) est un homme d'affaires ukrainien. Il était auparavant copropriétaire de UkrSibbank et président de FC Metalist Kharkiv (2005-2012). Il est actuellement président de Development Construction Holding (DCH1) et, selon les médias ukrainiens et est-européens, il est l'une des personnes les plus influentes en Ukraine.

[2] Rashiste : fascistes russes