Russie et Ukraine : quand les patrons profitent de la guerre pour ne pas payer les salaires …

Les sections de l’AIT (Association internationale des travailleurs) organisaient du 10 au 16 octobre une campagne contre le non-paiement des salaires. Dans les États en guerre de Russie et d'Ukraine, le problème du non-paiement des salaires dû aux travailleurs est encore plus aigu que dans de nombreux autres pays. Et bien qu'il ait été impossible d'y organiser des campagnes publiques en raison de la situation liée à la guerre et de la répression, il nous a semblé important de montrer comment les travailleurs trouvent spontanément des moyens d'obtenir ce qui leur revient de droit.

Russie

Le non-paiement des salaires reste l'une des principales causes de grève en Russie.

A Oulan- Ude (capitale de la Bouriatie dans l’est de la Sibérie), la grève d’une centaine des constructeurs de ponts  s'est soldée par une victoire. Nous avons déjà signalé que le 6 octobre, ils s’étaient  mis en grève, exigeant que leur soient versés leurs salaires impayés depuis le mois d'août. La direction de l’entreprise leur avait alors promis de rembourser sa dette dans les jours suivant s’ils reprenaient le travail ( https:// aitrus.info/node/6021 ). Et bien sûr les travailleurs ont été trompés. Seuls quelques travailleurs reçurent de l’argent, et encore pas tout ce qui leur était dû. Les travailleurs décidèrent alors de poser un ultimatum aux autorités : soit tous les arriérés de salaires étaient payés d'ici le 14 octobre, soit ils entameront une nouvelle grève à partir du 15 octobre ( https:// www.zabastcom.org/events/5512 ). Au dernier moment, un message fut reçu indiquant que les employés de la société Khotkovsky Avtomost employés à la construction du pont traversant la rivière Uda à Oulan-Ude avaient été payés intégralement de ce qui leur était dû ( https://www.zabastcom.org/events/5521 ).

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Il arrive aussi que des personnes laissées sans moyens de subsistance soient obligées de prendre des mesures complètement désespérées. À Naberezhnye Chelny (ville industrielle du Tatarstan), un chauffeur s'est présenté au bureau de son entreprise de transport avec une arme à feu et a exigé que le patron lui paie les 250 000 roubles qu’il lui doit. Ivan Filippov avait été embauché dans la société Transkama, qui lui avait promis 100 000 roubles par mois pour le transport de marchandises. Le lendemain, il effectua son premier trajet, mais fut victime d’un incident : la remorque était cassée et il n’a pas pu charger la marchandise au retour. Il appela le patron qui lui répondit de tout payer lui-même. En septembre, il devait prendre sa retraite. Le 3 octobre, l'ancien chauffeur est venu au bureau : le directeur Lenar Shaekov et la comptable Svetlana Suleimanova étaient là. Ivan a sorti un pistolet et a exigé de l'argent, promettant de tirer. Le chef a dit qu'il n’y avait pas d'argent, a persuadé Filippov de sortir avec lui. Pendant ce temps le comptable appela la police qui arrêta le chauffeur en colère (https://t.me/black- book-of-capitalism/3891 )

Ukraine

 En Ukraine, les anarchistes de Kharkov de Assembleia, dans le cadre de la campagne de l’AIT, ont diffusé des informations sur la fraude des agences de placement qui trompent ceux qui cherchent du travail à l'étranger. Tout d'abord, les victimes d'une telle tromperie sont des femmes qui sont prêtes à se lancer dans des travaux non qualifiés et qui souffrent de l'ignorance des langues étrangères. Des agences d'emploi telles que Raves, Nikoloz-Job, Smart Work Ukraine, Job West, Work in Europe attirent les demandeurs d'emploi en Pologne et en Allemagne en leur promettant d'organiser leur emploi en Pologne et en Allemagne et en leur demandant de payer d’importantes commission. Cependant, lorsque ces travailleurs arrivent sur place, ils découvrent qu'ils ont été trompés : le contrat de travail n'a pas été établi, les conditions de travail sont bien pires que promises (il s’agit essentiellement de travaux forcés), et souvent l'emploi promis n'existe tout simplement pas... Le site " Assemblia " contient de nombreuses histoires d'ouvriers ukrainiens trompés. Les anarchistes conseillent aux demandeurs d'emploi d'éviter si possible de postuler auprès des agences d'emploi ukrainiennes, de rechercher des compagnies plus connues et internationales, d'écouter les informations de connaissances et d'amis, d'apprendre le polonais et d'étudier attentivement les offres d'emploi afin de ne pas être trompés par les conditions de travail (https://assembly.org.ua/agentstva-po-trudoustrojstvu-v-evrope-obmanyvayut-lyudej-polzuyas-vojnoj-kak...)

En outre, dans le cadre de la campagne de lutte contre le non-paiement des salaires, " Assembleia " a lancé un appel au boycott de la marque de vêtements MR 520 basée à Kharkov. Avant la guerre, elle était située à Kharkov même, maintenant ses employés travaillent à Odessa, Lutsk, Ternopil et Rivne. Comme l'a dit la styliste Yana Danechkina, les propriétaires n'ont pas payé les travailleurs de Kharkov depuis février. En réponse aux appels, les autorités ont appelé à la patience, se référant à la guerre, proposant dans un premier temps aux travailleurs de … démissionner, puis elles ont ensuite simplement cessé de répondre. Les magasins évacués vers l'ouest de l'Ukraine sont loués sans contrat. Les travailleurs de Kharkov ont exigé le paiement de leur travail en février. Après l'appel de Yana, certaines parties de l'équipe ont été payées le 5 octobre, mais le reste des travailleurs n'a toujours rien reçu, les patrons les faisant chanter et exigeant qu'ils cessent d'appeler au boycott. Le 7 octobre, ils ont fini par payer travailleurs du marketing et les « influenceurs sur internet », la direction ainsi que la styliste Yana, par contre les travailleurs des magasins n’avaient toujours pas été payés ! (https://assembly.org.ua/brend-odyagu-mr520-kynuv-personal-po-zarplati-ale-viplativ-chastinu-groshey-...)

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source : https://www.aitrus.info/node/6022