Désertion en masse dans les « républiques populaires » du Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL), des milliers de soldats refusent de se battre et mourir pour la Fédération de Russie.

On sait que depuis le début de la guerre, une grande partie de l’infanterie russe qui se fait décimer dans le hachoir à viande n’est pas constituée de soldats réguliers russes mais de troupes « auxiliaires » des ex République populaire de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Lougansk (RPL). Cela permet au régime de Poutine de masquer les chiffres de pertes humaines et d’éviter de rapatrier des cercueils à Moscou, ce qui aurait un effet désastreux sur le « moral de l’arrière ».

Des sources concordantes - dont certaines du Donbass elles-mêmes – signalent un mouvement de désertion et d’évasion massif des soldats et conscrits dans les ex-« républiques populaires » de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) qui ont été incorporées dans la Fédération de Russie il y a exactement un an, le 30 septembre 2022.

Dans le territoire occupé du Donetsk, le Pouvoir organise des rafles massives de Sotcheï  (1), terme qui désigne les personnes ayant échappé aux « armées de la RPD ». Des listes de ces « évasionistes »sont dressées et envoyées aux entreprises ; des photographies des déserteurs sont affichées aux arrêts de bus et aux poteaux électriques dans les rues. Rien qu’entre janvier et juin 2023, 2800 Sotcheï auraient été comptabilisés, selon une liste de noms qui circule sur les réseaux sociaux oppositionnels au sein de la RPD. Et c'est loin d'être la plus grande ville. Certains de se prendre à  rêver : 2800 personnes, formées au maniement des armes, c’est plus que toute la police militaire de la RPD … Si elles retournaient leurs armes contre leurs propres dirigeants, cela pourrait enclencher un processus révolutionnaire …

Même si cette liste ne peut être ni confirmée ni infirmée, elle est le reflet d’une réalité indéniable. Rien que dans la ville de Thorez (2), environ 300 personnes sont recherchées.

Il est clair qu’il y a des milliers de ces déserteurs dans tout le Donbass. Cela signifie que les gens refusent en masse de se battre et ne veulent pas mourir pour la Fédération de Russie.

 

Certains essaient de faire valoir le côté illégal de la réquisition dans l’armée de la fédération de russie, en utilisant la tactique du « Kanselarit »(3). Ainsi, des opposants de la RPD mettent en avant l’illégalité de la procédure d’incorporation dans l’armée de la Fédération de Russie : dans un premier temps ces gens avaient été mobilisés par décret de David Pouchiline (le Président et chef de la République Populaire de Donetsk), alors que la RPD n'était pas encore devenue partie intégrante de la Fédération de Russie. Aujourd’hui, selon les lois de la Fédération de Russie, parmi ceux qui avaient été mobilisés par le décret de Pouchiline, ne peuvent être envoyés au front et détenir une arme  uniquement ceux qui ont signé un contrat avec le Ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Or la plupart n’ont pas signé ce contrat, et nombre de ceux qui l’ont fait l’ont fait à la suite de menaces. Un contrat signé sous la menace est juridiquement nul et non avenu. Dans les deux cas, une personne n'a pas le droit légal de détenir des armes ni d'avoir accès aux secrets militaires.

À partir du moment où la RPD est entrée dans la Fédération de Russie, seuls ceux qui ont volontairement signé un contrat avec l’armée de la Fédération de Russie peuvent rester au front, et à condition que ce contrat n’ait pas été résilié par le ministère de la Défense. Les violences des officiers, l’absence de permissions pour la deuxième année consécutive, le non-paiement des indemnités pécuniaires et des primes et ainsi de suite conduisent au fait que les gens refusent d'être des esclaves impuissants et une source d'enrichissement pour les commandants corrompus. Cependant, les méthodes juridiques pour protéger les droits des « citoyens-soldats » ne fonctionnant plus, ils préfèrent passer à l’action directe et déserter …

 


(1) Sotcheï est la contraction de S[amovol'no] O[stavivchiikh] TCH[ast'] - «самовольно» оставивших часть » -  mot à mot ceux qui ont quitté la partie / l’unité « de leur propre liberté », traduit par "sans autorisation"

(2) La ville, qui s’appelait originellement Tchystiakove, porte depuis 1964 le nom du secrétaire général du Parti communiste français de l’époque, le très stalinien Maurice Thorez

(3)   la langue de bois hyper-formelle des paperasses bureaucratiques et que personne ne parle dans la vraie vie, sauf si vous voulez faire rire les gens. Car la Fédération de Russie a hérité du régime Communiste une véritable « passion » pour les procédures paperassières

Lire : "Kantselarit" dans le Donbass : l'art d'utiliser la langue de bois de la bureaucratie russe pour éviter l'armée...

https://nowar.solidarite.online/blog/kantselarit-dans-le-donbass-lart-dutiliser-la-langue-de-bois-de...


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  • Aider les réfugiés et les déserteurs, qu’ils soient russes, bélarusses ou ukrainiens, à fuir la guerre ;
  • Apporter un soutien moral, politique et matériel aux anarchistes en Ukraine qui résistent sans avoir abandonné les principes, notamment au Groupe Assembleia  ;
  • Servir de caisse de résonance à la résistance antiguerre en Russie et au Belarus.


Elle traduit des articles pour faire entendre le plus largement possible la voix de celles et ceux qui s'opposent à la guerre depuis l'intérieur même du conflit. Ces textes sont publiés en ligne sur le site internet http://nowar.solidarite.online/blog, et diffusé dans un bulletin papier qu'on peut recevoir sur simple demande à contact@solidarite.online


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